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L’enfer quotidien des stationnements payants dans les grandes villes

Phénomène de plus en plus en vogue dans les grandes villes, l’automatisation des contrôles du stationnement payant fait vivre un véritable enfer aux riverains. Comment l’État veut dégouter les Français d’utiliser leur véhicule ?
L’enfer quotidien des stationnements payants dans les grandes villes
Par le 06/09/2022

Vous les avez sans doute déjà aperçu si vous habitez dans les grandes villes de France, ou tout simplement si vous avez reçu un FPS (Forfait Post-Stationnement) lors de votre passage dans ces métropoles cet été pour les vacances, sans même en avoir été informé, les « voitures radars à stationnement » ou encore « sulfateuses à PV » font vivre un calvaire à des millions d’automobilistes. 

Introduits pour la première fois à Marseille à la fin de l’année 2018, ces véhicules, qui remplacent littéralement les agents de surveillance de la voie publique (ASVP), peuvent contrôler plusieurs milliers de véhicules par heure ! Autant dire qu’en termes de recettes liées aux infractions sur le stationnement payant, ces dernières ont plus que doublé en l’espace de quelques années. Pour preuve, en 2019, elles s’élevaient à plus de 210 millions d’euros. Et depuis, ce phénomène s’impose un peu partout en France, sans même prévenir les habitants de ce changement qui coûte cher, très cher, comme en témoignent de nombreux riverains du 13e arrondissement de Paris que nous avons pu rencontrer. 

« On ne peut même plus aller à l’horodateur sans craindre de se faire verbaliser »

Les fameuses Renault Zoé sulfateuses à PV

Nouveau locataire d’un appartement du 13e arrondissement de Paris, Yacine a déjà vécu la triste expérience de recevoir plusieurs FPS dans sa boîte aux lettres. Pour cause, malgré avoir payé plusieurs heures de stationnement à l’horodateur dans sa rue, ce dernier a été verbalisé 5 fois en… 5 jours, par cette voiture radar à stationnement. 

« Je n’ai pas encore eu le temps de faire ma demande de carte résident pour le stationnement et je ne peux pas me permettre de payer 36 euros de parking chaque jour ! C’est juste aberrant. On ne peut même plus aller à l’horodateur sans craindre de se faire verbaliser ».

À travers ces dires, c’est plusieurs milliers de Français qui se reconnaîtront et qui ont sans doute déjà vécu la même expérience. 

En effet, depuis l’arrivée de cette automatisation du contrôle de stationnement payant, les agents n’ont même plus besoin de se déplacer dans les rues, il devient aujourd’hui rare de les croiser. Ces derniers ont été remplacés par des véhicules avec 4 tourelles sur le toit (caméra et lecteurs automatiques de plaques d’immatriculation), des Renault Zoé blanches dans le cas de la capitale, qui peuvent contrôler jusqu’à 1 500 véhicules stationnés par heure. À bord, ce ne sont même pas des agents de surveillance de la voie publique qui font le travail, mais des employés de sociétés délégataires. 

Le problème ? C’est que ces véhicules passent 6 à 7 fois par jour dans le quartier nous explique Yacine, et qu’il est possible de se faire verbaliser deux fois dans la même journée. En effet, ce Forfait post-Stationnement (FPS) a une durée de 6 heures une fois l’infraction relevée. Autrement dit, avec un stationnement payant du lundi au samedi de 9h à 20h dans la capitale, vous pouvez vous faire verbaliser à 9h01, puis à partir de 15h01 le même jour !

Évidemment, le gouvernement a bien prévu de remplir les caisses avec ce type de contrôle puisqu’une réforme du stationnement a vu le jour en janvier 2018, presque un an avant l'arrivée de ces sulfateuses à PV. Pour être précis, après s'être désengagé du financement des collectivités locales, l'Etat a donné le pouvoir aux municipalités de remplir des caisses qu'il n'amende plus.

Terminé le PV de stationnement de 17 euros, place désormais à ce fameux FPS dont le montant est déterminé librement par les métropoles. L’époque où le PV était plus rentable qu’une journée de stationnement payant à l’horodateur est révolue. À Paris, le FPS s’élève à 50 euros lorsque qu’aucun paiement n’a été effectué au préalable à l’horodateur. Payé dans les 7 jours, ce dernier peut descendre à 35 euros. 

Mais plus que l’amende forfaitaire, c’est surtout la méthode d’exécution qui attise la colère chez les riverains, qui se sentent manipulés et utilisés. 

De l’abus et des excès qui agacent 

Prendre le risque de ne pas payer le stationnement dans sa rue pour une heure, voire même quelques minutes, n’est plus un jeu dangereux, il est devenu un jeu où le gagnant est connu avant même le début de la partie. 

Nous avons pu faire l'expérience récemment, sans le vouloir évidemment, avec un modèle d’essai du parc presse Renault, une Mégane 4 thermique que nous avons utilisé pour un essai comparatif avec la nouvelle version électrique, en proie à des problèmes de climatisation lors de la recharge. Revenus de la présentation du concept-car électrique de l’Alpine A110 à l’occasion du Grand Prix de France de Formule 1, nous arrivons à 11h du matin dans le 13e arrondissement, déposer le matériel et repartir en tournage du côté de Fontainebleau. Nous payons la somme de 10 euros pour…. 2h30 de stationnement, nous sommes donc en règle jusqu’à 13h30 mais nous reprenons le véhicule à 14h10. 

Notre FPS reçu

Près d’un mois après la fin de l’événement, nous recevons un mail du parc presse Renault nous faisant part de ce FPS, non indiqué lors des faits sur le véhicule en question puisque les plaques d’immatriculations scannées sont directement envoyées à un agent qui, derrière son bureau, valide à distance l’infraction. 

14h05. C’est l’heure à laquelle nous avons été contrôlés, soit 5 minutes avant notre départ. Pas de chance sur le coup mais la morale de l’histoire nous montre une nouvelle fois qu’il ne sert à rien de se rendre à l’horodateur pour payer toutes ces heures de stationnement. En effet, au total nous avons donc déboursé 50 euros de stationnement (comprenant les 10 € de l’horodateur et les 40€ du FPS) pour cette journée, soit le montant de la redevance sans déduction. 

Pour d’autres, le courrier passe beaucoup moins bien. Rendant régulièrement visite à leur fils étudiant à Paris, Stéphane et Annick nous avouent avoir déjà reçu un FPS quelques secondes seulement après l’arrêt de leur véhicule sur une place. 

« Ma femme est entrée dans l’appartement, le temps que j’aille mettre de l’argent dans l’horodateur une rue à côté, la voiture était passée. Sur le coup je n’ai pas pensé au PV puisque cela faisait 2 minutes que j’étais arrivé ». 

Moins d’une semaine après, c’est un FPS de 50 euros que le couple a reçu à son domicile, sans compter les quelque 15 euros de stationnement ajoutés à l’horodateur qui n’auront pas eu le temps d’être pris en compte. Malgré une tentative de contestation, sans réponse en retour, le couple a été contraint de payer l’amende pour éviter une majoration. 

En outre, il devient légitime de se demander si prendre son véhicule dans les métropoles en vaut encore la peine. Comment s'assurer de ne pas se faire verbaliser alors que la plupart des automobilistes sont en règle et font le nécessaire pour justement éviter ce type de contravention onéreuse ?

La voiture poussée vers la sortie dans les grandes villes à travers cette méthode ? 

Verra-t-on un jour le périphérique totalement vide ?

Si tous les moyens sont bons pour contraindre les Français à ne plus utiliser leur véhicule, cette méthode contribue fortement à exclure les voitures des métropoles. Avec l’avènement des ZFE, l’essor du véhicule électrique et la fin programmée de la voiture thermique, tout est fait pour que la mobilité de demain soit totalement transformée. Mais est-ce la bonne manière pour guider les automobilistes Français ? Pas sûr…

Dans la capitale, si les « anti-véhicules » ne cachent pas leur joie quant à ces restrictions (tarif de l’essence par exemple), pour la plupart des français, le vase est plein. Les gouttes s’accumulent et le font même déborder depuis un moment déjà, mais tous n’ont pas d’autres choix que d’encaisser le coup pour continuer à aller travailler et emmener leurs enfants à l’école. 

Plus que les contrôles de vitesse et de stationnement, c’est le secteur de l’automobile dans sa globalité qui est dans une période plus que délicate, touché par de nombreuses crises (covid, guerre en Ukraine, prix de l’essence, pénurie semi-conducteurs), en atteste les chiffres de ventes de voitures neuves ces derniers mois (même s’ils sont repartis à la hausse en août dernier)

Difficile de prévoir la tournure des prochains événements, la remise de 30 centimes sur le carburant apaise, pour le moment, les tensions, mais qu’en sera-t-il dans les prochaines années ? L'été a été ensoleillé, les vacances reposantes mais la réalité revient au galop avec la rentrée. Espérons ne pas se retrouver trop rapidement dans le brouillard... Rappelons que le gouvernement évoque la possibilité de réduire la vitesse à 110 km/h sur autoroute, qu'à compter du 1er novembre la remise carburant sera revue à la baisse et que le prix des voitures neuves ne cessent de flamber... Sans oublier les contrôles techniques de plus en plus chers (notamment pour les véhicules électriques) et "tatillons" ni les prochains radars en ville.

Sauf que les français ont besoin de leur véhicule pour aller travailler, et qu'il ne suffit pas de traverser la rue et de changer de trottoir pour trouver un travail. N'est-ce pas Monsieur le président ?

Des informations qui ne devraient pas vraiment rassurer les millions d'automobilistes Français...


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